Je me souviendrais longtemps de ce déplacement à Angers. C'est effectivement ce dimanche 20 juin 2004, jour de la couse que je basculais définitivement dans le monde de l'ULTRA. Petit rappel : pour définir l’ultrafond de façon simple, on peut dire qu’est considérée comme épreuve d’ultra toutes épreuves de course à pied dont la distance est supérieure à celle du marathon. Avec cette objectif que je m'étais fixé de courir ce 100 Km du Loire-Beconnais, je me lançais effectivement dans l'inconnu puisque c'était mon 1er mais armé physiquement avec les plans d'entrainement et nombreux conseils de mon ami Didier Idziak. Mon changement de vie et  ma rencontre avec Gwen m'avait totalement donné l'envie de ce dépassement de moi-même.

Nous sommes parti Gwenaëlle et moi dès le jeudi matin de Marquette-Lez-Lille en compagnie de Didier Idziak et de son épouse Sandrine, de Marc Wavrant et de son épouse Marie,d'Edouard Wyls, de Guy-Noël Benoot , Daniel Lefebvre et de mon ami Fabien Debaucheron. Un voyage sans encombre et dans une superbe ambiance nous amena à bon port jusqu'au "Village-Hotel" d'Angers. Le vendredi et le samedi, place à la visite d'Angers, ses rues commerçantes, sa cathédrale. La veille, nous avons été reconnaitre la totalité du parcours avec Didier et Richard, et là ... plus personne ne parlait ! un parcours terrible ! 3 x 33 Km et sur chaque tour une multitude de montées et de descentes. Nous savions alors que celà ne serait pas une partie de plaisir. Le samedi soir, par contre, retour à l'hotel, et c'est là que les choses sérieuses commencérent. Une préparation minutieuse de nos bouteilles qui serviront à gérer notre effort : alternance d'eau, glucose, malto, eau gazeuse, coca dégazéifié pour les derniers Kms). Il faut préciser que Didier, Edouard et moi-même avions décidés de prendre des accompagnateurs vélo. Mon accompagnateur était Richard.

Jour J : dimanche 20 juin 2004. Un réveil à 3 heures du matin pour un déjeuner sommaire mais surtout après avoir ingurgité des litres de malto. Chacun s'est retrouvé sur la ligne de départ à St Augustin des Bois vers 5 heures du matin. Puis, tels des guerriers partant pour une ultime bataille (c'est ce que je ressentais quand j'ai vu le soutien que chacun avait envers les autres), le coup de pistolet retentit dans l'aurore du petit matin. Un passage triomphant devant nos familles au 1er Km puis ensuite, même si le peloton restait relativement homogène, la course à pied est un sport individuel et surtout sur le 100 Km. La configuration du parcours très valonné et surtout les 3 tours obligeaient chacun à partir prudemment. C'est ce que je fis en compagnie de Marc et de Guy Noël. Puis, je trouvais rapidement mon rythme de croisière à 10,5 Km/heure (6,20'/Km).

Tout se passa relativement bien jusqu'au 68ème Km et puis alors, je décidais de changer de  chaussures. Est-ce ce geste que j'allais regretter un peu plus tard ? Richard qui jusque-là était resté très silencieux, se contentant uniquement de me passer les bouteilles numérotés en fonction des points de ravitaillements, réalisa que je commença à accuser le coup. Sans-cesse, il tenta de me boosta avec sa petite phrase magique : "impeccable !". C'est à ce moment, que le fragile équilibre entre le mental et le physique explose ! Oublier sa douleur pour qu'elle puisse s'estomper. Alors, j'ai alterné marche/course jusqu'à peu près au 85ème Km. Au 90ème Km, Fabien Debaucheron et Didier Idziak m'attendait avec une bière dans la main à un croisement après une montée digne de l'Alpe d'Huez, que j'ingurgitait pour éponger ma soif.

La longue épopée des 10 derniers Kms n'a été que bonheur, même s'il faut admettre que la douleur qui vous envahit peu à peu dès le 50ème Km, ne vous quitte plus jusqu'au bout. Puis, venant à ma rencontre, ma chère Gwenaëlle, cette femme que j'aime tant ! Je ne voyais qu'elle mais à la fois, j'étais meurtri avec des jambes qui ne me portait pratiquement plus. Au 98ème Km, Guy Noël Benoot, 58 ans, me dépassa. Je terminai mon 1er 100 Km en12H 28".

Petite annecdote : à mon retour sur Lille, j'appris que ce temps me propulsais 4ème meilleurs temps régionale sur le 100 Km. Jamais je n'oublierais ce pure instant de bonheur lorsque vous voyez le panneau 99ème Km et que les gens nombreux tout au long du parcours vous regardent sans bruit avec un respect digne de ce nom. C'est çà le miracle du 100 Km.

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